[Cga-lyon-public] [16-17/12] Deux jours contre le sexisme à la plume noire, projection et débat
CGA Lyon
groupe-lyon at c-g-a.org
Dim 11 Déc 12:10:05 UTC 2011
Annonce en ligne et bande annonce du film :
http://rebellyon.info/Deux-jours-contre-le-sexisme-a-la.html
Dans un contexte marqué par les luttes contre le système sexiste et
genré (notamment la récente manifestation non-mixte contre les violences
sexistes) et les nombreux débat ayant eu lieu sur ce thème, la
Coordination des Groupes Anarchistes - Lyon vous invite à deux
rendez-vous pour débattre des luttes antisexistes :
**Vendredi 16 Décembre à 20h30 :**
Projection du film « Tomboy »
(Céline Sciamma, Fr., 2011, 1h22)
Laure a 10 ans, et sa famille vient de déménager.
Laure est ce qu’on appelle un garçon manqué, et s’habille en
jeans/t-shirt/baskets.
Laure a décidé de se faire passer pour un garçon, et s’appelle
maintenant Michael.
Michael a 10 ans, et sa famille vient d’emménager.
Michael attire l’attention de Lisa, qui en tombe amoureuse...
Michael a une petite soeur compréhensive, et qui l’aide a garder son
secret.
Michael a des parents pas si compréhensifs que ça, qui
préfèreraient avoir une fille.
On a choisi ce film sur le genre pour plusieurs raisons : qu’est-ce
qu’être un.e fille ou un garçon ? Qu’est-ce qui représente si on est
un. fille ou un garçon aux yeux de tout le monde ? etc...
Mais tout ça, on l’aborde d’un point de vue différent de celui par
lequel on l’aborde habituellement - celui des adultes. Ici, on
regarde tout avec le regard de Laure, puis de Michael, puis celui des
autres enfants, et enfin, des adultes.
projection à Prix Libre.
**Samedi 17 décembre à 15h :**
Rencontre - débat :
Genre et Patriarcat, quelles luttes Antisexistes ?
à La plume noire, 8 rue Diderot, 69001 Lyon
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La CGA parce qu’elle entend lutter contre toutes les dominations se
définit aussi contre le système de domination masculine et dans la
lutte anti-patriarcale.
La construction genrée de la société
Le genre est, pour nous, une construction sociale hiérarchique, qui
repose sur un partage construit sur le postulat de deux sexes
biologiques strictement différenciés. Cette construction
binaire est présentée comme naturelle (ce qui la protège des
contestations et remises en cause). Le rejet de l’hermaphrodisme,
à travers une intervention chirurgicale imposée à la naissance
pour définir un sexe, témoigne de la prégnance de cette idéologie.
Cette supposée binarité biologique fonctionne comme marqueur de
la domination. C’est la hiérarchie, autrement dit les rapports de
pouvoir, qui induit la division sexuée de la société, et non
l’inverse. Les catégories « masculin/féminin » et « hommes/femmes »
n’existent donc qu’en fonction l’une de l’autre et dans le cadre de la
domination de genre. Ce qui est désigné comme féminin ou masculin
est socialement construit par des techniques de dressage
perpétuées par l’éducation (de la famille, de l’école, l’industrie du
jouet…), les médias, un certain discours scientifique, les
institutions et les religions.
Cette séparation est maintenue, avec la participation plus ou
moins consciente et volontaire de tous et toutes, par des rappels à
l’ordre permanents qui renforcent ce système inégalitaire.
Il n’y a pas plus d’essence ni de spécificité féminine naturelle ou
biologique qu’il n’y en a de masculine. Les femmes ne sont pas du
côté de la douceur sous prétexte d’une potentielle maternité et les
hommes du côté de la violence sous prétexte d’un taux particulier
de testostérone.
L’oppression des femmes n’est pas due à la dévalorisation de leurs
« aptitudes naturelles ». En revendiquant l’existence d’une
identité féminine et sa revalorisation, les théories
différentialistes tendent à naturaliser les différences
entre hommes et femmes. Les rôles attribués aux femmes et aux hommes
n’ont rien de « naturels » : ils ne découlent pas de leurs
différences morphologiques, mais sont le fruit d’une
construction sociale qui n’est pas neutre dans l’organisation
globale et inégalitaire de la société. Nous nous opposons donc à
toute vision essentialiste des sexes.
Un système social organisé : la domination masculine ou patriarcat
Le système de genre véhicule la norme hétérosexuelle, l’impose et
dénigre les autres sexualités. Cette idéologie induit notamment
l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.
L’instauration de la norme hétérosexuelle comme norme dominante
entraîne l’oppression des personnes refusant cette norme ou n’y
correspondant pas et cloisonne nos désirs à tou-te-s.
Malgré des avancées, ce système perpétue l’oppression des femmes
notamment à travers :
- le travail domestique gratuit et l’éducation des enfants,
comprenant la prise en charge affective des personnes.
- l’appropriation des corps des femmes aux fins de la reproduction
ou non, notamment par des politiques visant à ériger la famille comme
modèle unique et indépassable et les entraves au droit de disposer
librement de son corps ;
- le continuum des violences exercées contre les femmes,
différentes dans leur degré mais non dans leur nature, allant de la
prostitution aux violences physiques et psychologiques, en
passant par les publicités sexistes et la réquisition de l’espace
public au profit des hommes notamment la nuit.
- la monopolisation masculine des armes, des outils, des
compétences, de l’espace et de la parole,
- le travail, à travers les différences de salaires, une
précarité accrue, des temps partiels imposés pour allier travail et
tâches domestiques gratuites, et un taux de chômage plus élevé ;
- l’éducation différenciée selon les destinataires : « garçon »
ou « fille ». Le contenu est différent et le formatage commence la
plupart du temps dès la conception.
Le patriarcat positionne les hommes comme dominants dans l’ensemble
des sphères de la vie. Les hommes jouissent de cette domination en
profitant des privilèges liés à leur place dans ce système, et la
très grande majorité participe à son maintien par des
comportements d’oppression à des degrés divers. En revanche, ce
système malmène les hommes qui refusent de se comporter dans la «
normalité sociétaire ».
La lutte contre le système de domination masculine en interne de la CGA
On ne naît pas anarchiste et on ne le devient pas en considérant
uniquement que le capitalisme et le système de domination
masculine sont des « ennemis » à abattre. Être anarchiste est un
combat quotidien qui ne s’arrête pas au moment où l’on a identifié
les rapports de dominations. C’est la même chose dans la lutte contre
le patriarcat et la déconstruction du genre : personne n’est à
l’abri des rapports de pouvoirs, de l’éducation qu’il/elle a reçue, et
chacun-e a donc un travail permanent à mener sur lui/elle-même pour
changer les rapports de dominations. Il est aussi difficile pour
une femme que pour un homme (bien qu’elle n’ait pas les mêmes
privilèges) de se débarrasser des réflexes genrés que l’on a
construits pour elles/lui.
Nous considérons que « le privé est politique ». La sphère privée et
la sphère politique ne peuvent pas être abordées de manière
différenciée quand les agissements et les comportements repérés
dans le privé sont antinomiques avec les engagements politiques
qui sont ceux des anarchistes/libertaires. L’engagement
politique ne s’arrête pas à la porte de la maison ou de la chambre à
coucher. C’est à chacun-e d’y chercher la cohérence avec son analyse
politique.
L’organisation collective et la discussion permettent à
tou-te-s d’acquérir des outils d’analyse pour penser les rapports de
domination des hommes sur les femmes, et d’éviter de reproduire les
logiques qui la perpétuent, de la violence domestique à
l’occupation de l’espace public. Une réflexion collective sur la
norme hétérosexuelle permet aussi de se poser individuellement la
question de l’influence du genre sur ses propres pratiques de vie.
Nous intégrons cette réflexion à nos pratiques collectives.
L’analyse politique de la place des femmes au sein de
l’organisation, de la parole dont elles peuvent se saisir et de leur
nombre permet de remettre en question nos pratiques afin de ne pas
reconduire des logiques de domination plus ou moins violentes, de
l’invisibilisation à l’intimidation. L’abandon d’un
vocabulaire et d’une vision viriliste de la lutte sociale fait aussi
partie de notre travail. Aussi, la CGA s’engage dans un travail de
déconstruction au niveau collectif qui vise également à alimenter
la réflexion et un positionnement individuels dans ce système de
domination.
Nous nous engageons collectivement à :
- Mener une réflexion permanente et autonome au sein des groupes sur
le système de domination masculine, la norme hétérosexuelle et
l’anarchaféminisme ;
- Déconstruire le genre au niveau collectif pour également alimenter
la réflexion et un positionnement individuel dans ce système de
domination.
- Être vigilant-e-s à ne pas décharger ce travail sur des
volontaires, finissant par créer des spécialistes et un décalage
dangereux entre militant-e-s du groupe. Cette spécialisation
entraînera de plus la non-possibilité pour les militant-e-s
concerné-e-s de s’impliquer dans d’autres luttes
- Intégrer une grille de lecture féministe par une approche de genre
à tous les thèmes abordés par la CGA, dans la mesure où ils ont tous un
lien avec le patriarcat (élections, sans papiers, antifascisme,
précarité, société de consommation, prostitution, monde du
travail, syndicalisme, militantisme, éducation, école, guerre,
laïcité, religion, famille, médias…).
- Travailler à l’abandon d’un vocabulaire et d’une vision viriliste
de la lutte sociale.
La pertinence de la lutte féministe dans nos idées et nos combats
anarchistes
Le système patriarcal en établissant les catégories hommes-femmes,
les a associées à des lieux, fonctions et moments non-mixtes imposés.
Les luttes contre le patriarcat ont pris et prennent toujours la
forme d’un mouvement autonome des femmes, dans lequel la non-mixité
choisie peut être un outil de lutte comme dans toute lutte d’émancipation.
L’égalité à laquelle nous aspirons concerne tou-te-s les individu-e-s
et n’est donc pas envisageable sans égalité réelle et effective
entre femmes et hommes au delà des divisions et des différences de
genre qui nous sont imposées. Idem pour notre aspiration à la
liberté, laquelle est entravée par des rapports de domination et de
soumission à abolir.
Cette égalité effective entre hommes et femmes ne peut s’envisager
comme un exercice de rattrapage du pouvoir qu’ont les hommes ou d’un
quelconque partage du pouvoir entre hommes et femmes, ni d’une
manière de définir des critères de parité dans l’exercice du
pouvoir. Il s’agit bien de viser la destruction de tout pouvoir et
donc du pouvoir masculin au profit de rapports sociaux égalitaires.
La seule destruction du capitalisme n’y suffira pas.
Le capitalisme et le patriarcat sont deux systèmes de domination
« qui se nourrissent l’un l’autre » et qu’il convient d’abolir. Nous
ne donnons pas la priorité à un domaine de lutte plutôt qu’un autre et
préférons nous battre sur tous les fronts. La lutte contre le système
de domination masculine a ainsi toute sa place dans nos activités,
ni plus ni moins que notre implication dans les mouvements sociaux,
le syndicalisme l’antifascisme, l’antimilitarisme,
l’anti-électoralisme, la lutte contre les religions…
La CGA parce qu’elle est anarchiste et lutte contre tout système de
domination se reconnaît dans la lutte anarcha-féministe. Elle
s’inscrit dans les luttes féministes et les soutient. Pour ces
luttes comme pour les autres, la CGA estime que les moyens ne doivent
pas être en contradiction avec les finalités. Par exemple, la CGA
ne se reconnaît pas dans la lutte pour la parité hommes-femmes dans les
institutions quelles qu’elles soient.
La lutte contre le patriarcat de la CGA dans ses relations externes,
c’est :
Proposer une alternative dans le mouvement féministe en
introduisant nos référents antiétatiques, anticapitalistes,
antiracistes et anti-patriarcaux,
Prendre en considération notre investissement dans les
structures féministes extérieures aux groupes comme dans d’autres
structures du mouvement social.
Faire prendre en compte dans les mouvements sociaux la question du
genre et la nécessité de lutte contre la domination masculine.
La CGA revendique :
- L’abolition du système de genre : le sexe biologique ne
détermine pas la place des individu-e-s, et les catégories hommes –
femmes cessent d’être la norme de référence pour l’organisation de
la société.
- La liberté du désir et de la sexualité.
- La maitrise de nos corps et le respect de nos choix de vie.
Pour cela, la CGA soutient et s’inscrit dans les luttes féministes
- Suppression des politiques natalistes
- Lutte contre les violences faites aux femmes, dans la sphère
publique ou/et privée.
- Lutte contre les publicités sexistes
- Lutte contre les inégalités salariales genrées
- Lutte contre l’homophobie, la lesbophobie, biphobie et la
transphobie
- Accès à une éducation sexuelle non basée sur la norme hétérosexuelle
- Accès à une éducation non sexiste
- Accès à la contraception masculine et féminine et à
l’avortement libres et gratuits
- Respect de nos choix de vie
Motion adoptée le 11 novembre 2011
par la Coordination des Groupes Anarchistes
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