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Mar 31 Mar 01:48:39 BST 2009


sans commentaires....


·                                 Strasbourg en état de siège pour le
sommet de l'Otan

Christophe Cornevin
30/03/2009 | Mise à jour : 16:52 | Commentaires 81



Alors que des manifestants violents risquent d'affluer de l'Europe
entière, près de 25 000 policiers français et allemands quadrillent
les rives du Rhin.

En comité restreint, Michèle Alliot-Marie dit craindre la tempête, et
les responsables de la Place Beauvau carguent les voiles. Le sommet de
l'Otan des 3 et 4 avril prochains à Strasbourg sera celui de tous les
dangers. Celui de l'extravagance et de la démesure, pour célébrer, ou
conspuer, au choix, le soixantième anniversaire de l'Alliance
atlantique. À plus d'un titre, la réunion des 27 chefs d'État et de
leur délégation va transformer la capitale alsacienne en citadelle
assiégée. Pendant quarante-huit heures, deux gigantesques «bulles»
sécurisées vont sanctuariser les abords du palais des congrès, dans
les quartiers du Wacken, théâtre du sommet, ainsi que les environs du
Palais des Rohan, où les chefs d'État goûteront à la haute gastronomie
d'Émile Jung. Pour circuler en centre-ville, classé «zone rouge» et
rendu impraticable par 50 000 barrières, il faudra montrer patte
blanche. Les habitants des 7 000 foyers qui y sont établis circuleront
grâce à l'un des 40 000 laissez-passer spéciaux fournis par le
commissariat. «Ne pourront accéder à pied ou à vélo que les résidents
ou professionnels dûment recensés sur présentation de ce sésame»,
précise-t-on à la mairie. «Strasbourg est une ville bunker, une ville
fantôme, une cité verrouillée et impraticable», éructent de leur côté
les détracteurs. Ulcérés de vivre en «camp retranché», ces
Strasbourgeois un rien bravaches ont pavoisé leurs fenêtres de
drapeaux arc-en-ciel, symbole de paix. Le maire (PS), Roland Ries, en
a lui-même piqué une colère.

Il faut bien dire que le campus universitaire et ses 42 000 étudiants
ont gelé leurs activités dès samedi dernier. Et qu'une partie des 100
écoles de la ville, des piscines, stades et gymnases resteront portes
closes durant le sommet. Côté transports, thromboses et paralysie
guettent aussi le rendez-vous des puissants. Pendant que les poids
lourds seront déroutés à 250 kilomètres au nord, le trafic ferroviaire
sera paralysé entre Strasbourg et Kehl en Allemagne, et l'autoroute A
35 bordant l'ouest de la ville sera coupée lors des passages de
convois officiels parfois pharaoniques.

À lui seul, l'aréopage accompagnant Barack Obama devrait être composé
de 800 agents, conseillers et gardes du corps. Longtemps, la vedette
américaine du sommet a laissé planer le plus grand mystère sur son
lieu de résidence. L'idée, un temps évoquée, que le président des
États-Unis puisse s'établir sur la base voisine de l'US Air Force, à
Ramstein, a été abandonnée. En fait, des «précurseurs» du Secret
Service, arrivés sur place depuis fin février, ont passé au peigne fin
le Hilton de Strasbourg, où le successeur de George W. Bush établira
ses quartiers.

Cinq à six mille «casseurs» attendus

«Tout le monde est concentré sur le sommet, dont la vitrine médiatique
risque d'aimanter des manifestants violents venus de l'Europe
entière», confie-t-on au ministère de l'Intérieur. Les manifestants
allemands et français pourraient voir leurs divisions décuplées par
l'arrivage de militants des PCEr-Grapo espagnols, de la lutte
révolutionnaire (EA) grecque, de la Federazione dei comunisti
anarchici d'Italie, de Zabalaza Anarchist Communist Front d'Afrique du
Sud, de l'Union communiste libertaire du Canada ou encore du
North-Eastern Federation of Anarchist Communists des États-Unis. Parmi
eux, 5 000 à 6 000 «casseurs» devraient converger vers Strasbourg,
selon la police. Proche de l'ultra-gauche et des anarcho-autonomes,
ils auraient prévu de se fondre aux coordinations anti-Otan.
Officiellement répertoriées, elles organisent déjà un dantesque
contre-sommet entre le 1er et le 5 avril.

Surfant sur l'anti-impérialisme, l'antimilitarisme, le retrait des
troupes en Afghanistan, l'antiglobalisation, voire la lutte contre le
réchauffement climatique, ce front contestataire s'installera dans un
«village autogéré». S'étendant sur une dizaine d'hectares à
l'extrémité sud de la ville, sur les terrains d'une ferme éducative au
Neuhof, il devrait abriter 10 000 protestataires . «Dans un premier
temps, ils pensaient camper de part et d'autre du fleuve , affirme une
source renseignée. Mais, lorsque les autorités allemandes ont voulu
faire payer leur emplacement plusieurs milliers d'euros, ils se sont
repliés sur la rive gauche française.  »

Pour haranguer et mobiliser la foule contestataire, Internet bruisse
de messages évocateurs. Brocardant la «phobie sécuritaire» de l'Otan,
des libertaires trouvent soudain des accents gaulliens avec le
pastiche «Strasbourg outragée, Strasbourg brisée, Strasbourg
martyrisée, mais…». Strasbourg y est réduit à un «territoire occupé»
et le sommet à une grand-messe atlantiste juste célébrée pour
«préparer les futures guerres pour le contrôle des ressources de la
planète». Comme l'ONU, le FMI, le G8, le G20, l'OMC, l'Otan est
assimilée à un «instrument du capitalisme pour renforcer
l'exploitation des travailleuses, des travailleurs et des peuples».
Réchauffée mais toujours efficace, la dialectique pourrait fédérer
jusqu'à 70 000 participants lors d'une manifestation unitaire prévue
samedi 4 avril.

Face à cette assemblée en rouge et noir qui n'aura rien du jamboree,
la Direction centrale de la sécurité intérieure (DCRI) tend ses
«grandes oreilles» depuis des semaines. Et le ministère de l'Intérieur
prévoit l'un des plus imposants dispositifs jamais imaginés. Selon nos
informations, pas moins de 85 escadrons de gendarmerie mobile et
Compagnies républicaines de sécurité seront mobilisés pour former un «
cataplasme bleu» sur Strasbourg et ses environs. Il faut remonter au
soixantième anniversaire du Débarquement et à la protection des plages
normandes en 2004 pour voir un tel branle-bas de combat. Otan oblige,
une armada de 10 000 hommes quadrillera donc le siège du Parlement
européen, sécurisera les sites classés Seveso ou encore les gazoducs
traversant le secteur, tandis que les vedettes de la gendarmerie
fluviale sillonneront le Rhin, embarquant sonars et plongeurs pour
déjouer la moindre menace subaquatique.

Redoutable effet de loupe médiatique

Dans le même temps, unités en scaphandres nucléaires, radiologiques,
biologiques et chimiques resteront en réserve et une flotte de curieux
blindés équipés de treuils et de chasse-neige ronronneront à proximité
pour dégager d'éventuels obstacles. Enfin, quelque 500 gardes du corps
français issus du Service de protection des hautes personnalités et
des CRS veilleront sur les cortèges et les sites d'hébergements de
treize délégations, dont celle de la France, bien sûr, mais aussi des
États-Unis.

En alerte maximale, les Allemands, qui ont prévu de déployer pour leur
part 15 000 hommes, dont leurs experts de la Bundeskriminalamt (BKA),
prendront en charge l'autre moitié des officiels. En cas de coup dur,
militaires d'élite du GIGN et homologues policiers du Raid ont fait le
voyage. «Nous ne sommes jamais à l'abri d'une prise d'otages ou d'un
détournement aérien», souffle un officier sous le couvert de
l'anonymat. Le chef des services de renseignement intérieurs allemands
Heinz Fromm, président de l'Office fédéral pour la protection de la
constitution, craint pour sa part un «potentiel activiste de quelque 3
000 personnes». «La forte mobilisation de l'ultra-gauche et des
anarcho-autonomes, en France comme en Allemagne, nous fait craindre
des modes d'expression violents, comme lors de la réunion du G8 à
Gênes en 2001», grince un policier de haut rang. Dès juin dernier, un
rapport «confidentiel défense» des services de renseignement français
affirmait que ces militants «intégrant les “black blocs” de toutes les
grandes contestations altermondialistes européennes» ont décidé de
mettre en place une «force organisée transnationale de subversion
destinée à commettre des actions violentes dans les prochains mois ».
«Strasbourg 2009 pourrait être ce lieu de rendez-vous», craint un
autre policier de haut rang.

Persuadés que «les plus déterminés déclencheront des émeutes pour
ensuite filmer ce qu'ils présenteront comme de la répression
policière», les stratèges de la Place Beauvau ont imaginé une parade :
embarquer des caméras dans chaque unité d'intervention afin de filmer
leur propre version des incidents. Pour les livrer à la presse, s'il
le faut. «Nos adversaires ont pris l'habitude de se servir de la
communication comme d'une arme contre l'autorité de l'État,
confie-t-on dans l'entourage de Michèle Alliot-Marie. Nous emploierons
les mêmes méthodes pour défendre la légitimité de notre action…»

Outre de nouveaux «éléments violents», se protégeant de plus en plus
avec des équipements de hockey sur glace, les spécialistes du maintien
de l'ordre ont vu émerger depuis dix ans une nouvelle génération de
manifestants. Altermondialistes, pacifistes et écologistes, ils
s'illustrent lors de sommets internationaux par de très audacieux
happenings visant à paralyser des cérémonies. «Très entraînés,
déroulant des trésors d'ingéniosité, ces militants non-violents
s'entravent à des poids lourds, s'enchaînent à des tubulures d'acier
dans des arbres, s'accrochent aux lampadaires ou sur des grues parfois
hautes de 60 mètres , constate le lieutenant-colonel Francis Mézières,
responsable de la division ordre public au Centre national
d'entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier. Plusieurs
heures sont parfois nécessaires avant de libérer les gens contre leur
gré…» Une cellule de huit instructeurs gendarmes experts en la matière
a été projetée sur les bords du Rhin début avril avec des disqueuses
thermiques et des tronçonneuses. Ces manifestants de l'extrême se
verront proposer casque antibruit et lunettes de protection lors de
leur désincarcération. Là encore, les scènes seront toutes filmées.
Plus que jamais, le moindre incident au sommet de Strasbourg, où 2 500
journalistes sont attendus, connaîtra un redoutable effet de loupe
médiatique. Garant de la paix dans le monde, le rendez-vous de l'Otan
sera le théâtre d'une originale guerre des images.



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