[Dissent-fr-info] BXL::: MALGRÉ TOUT,Aux rebelles d'ici et d'ailleurs

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Fri Oct 8 13:25:27 UTC 2010


 MALGRÉ TOUT
Aux rebelles d'ici et d'ailleurs

Les mots peuvent difficilement saisir une réalité, les sentiments et
les désirs dépassent toujours ce qu'un vocabulaire nous offre.
Cependant, il est d'un intérêt vital de parler, de tenter d'exprimer
ce que nous pensons et ce que nous ressentons. Certainement dans les
moments où la terreur de l'Etat et de ses forces de l'ordre cherche à
rendre tout le monde muet.

Depuis des années, nous disons que pour penser et parler librement, il
faut de l'espace et du temps. Et cet espace et ce temps ne nous sont
jamais donnés, on ne peut que les conquérir nous-mêmes, l'arracher
avec toute la violence à la réalité de tu ne feras et tu dois. Voilà
pourquoi nous avons parlé et nous parlons de révolte, d'actes par
lesquels nous nous créons l'espace pour vivre, pour donner une
expression à nos désirs de liberté qui ne tolèrent point la misère
nauséabonde et la laideur de ce monde.

La semaine dernière, l'Etat a choisi de remplir tout espace possible
avec des uniformes, des fourgons, des policiers en civil, des cellules
et des mauvais traitements. Déjà, l'Etat supporte à peine que les
anarchistes incitent en mots et en actes à la révolte, mais cette
semaine, tout a été déployé pour empêcher toute rencontre entre les
différentes rébellions qui fermentent la conflictualité sociale à
Bruxelles. Et l'autorité a parlé le langage le plus simple à sa
disposition : la terreur, c'est-à-dire une violence systématique et
indiscriminée.

La manifestation annoncée du 1er octobre contre les centres fermés,
contre toutes les prisons et les frontières, contre l'Etat ne devait
pas avoir lieu, à aucun prix. Une interdiction d'attroupement a été
décrétée dans quatre communes bruxelloises et pendant qu'une force
policière imposante arrêtait toute personne tournant autour de
l'endroit du rendez-vous, d'autres escadrons gardaient les quartiers
et les stations de métros d'une poigne de fer. Les alentours des
prisons de Forest et de Saint-Gilles ont été hermétiquement fermés
tandis qu'au cœur d'Anderlecht, des policiers cagoulés patrouillaient,
les mitraillettes à la main. Des centaines de personnes ont été
arrêtées préventivement, des dizaines ont été humiliées, maltraitées
et frappées dans les commissariats.

Disons-le clairement : l'Etat n'a pas peur d'une poignée
d'anarchistes, mais craint une possible contagion sociale à laquelle
les révolutionnaires œuvrent de jour en jour. Depuis longtemps,
Bruxelles semble être une poudrière sociale où on cherche à mater les
tensions sociales à coups de plus de police et plus de blessés ou de
morts du côté de ceux qui, d'une manière ou d'une autre, engagent la
confrontation. Néanmoins, les tensions sociales continuent à
s'exprimer de manière radicale : des émeutes récurrentes dans les
quartiers aux mutineries dans les centres fermés et les prisons, des
attaques ciblées contre les structures de l'Etat et du Capital jusqu'à
une hostilité qui continue à se répandre contre tout ce qui porte
l'uniforme de la répression. Probablement, la manifestation annoncée
du 1er octobre était une des possibilités de rencontre entre les
différentes rébellions et les idées anti-autoritaires - et cette
rencontre a été écrasée.

Malgré la pacification militarisée des derniers jours, nous continuons
à diriger notre attention ardente vers cette poudrière sociale, en
sachant que chaque occasion peut être la bonne pour mettre le feu à la
mèche. Et là où la proposition d'une manifestation s'était heurtée à
des obstacles presque infranchissables, d'autres pratiques et
activités sauront se frayer un chemin.

Malgré les murs policiers qui cherchent à nous tenir séparés, nous
continuons à penser que la rencontre entre les différentes rébellions
reste possible, souhaitable et nécessaire. Aucun racket répressif de
la part de l'Etat ne nous fera renier cet enthousiasme.

Malgré le fait que l'initiative nous ait été arrachée ces derniers
jours, nous sommes déterminés, avec le cœur et la tête, à reprendre
l'initiative dans nos propres mains. Malgré tout, nous continuons.
Rien n'est fini... les possibilités sont toujours là, prêtes à être
saisies.

A l'heure actuelle, quatre compagnons résident derrière les barreaux
de la prison de Forest, accusés de complicité pour une attaque d'un
commissariat bruxellois la nuit du 1er octobre. Faisons en sorte
qu'ils sentent notre affection et notre solidarité.



Des anarchistes qui ne lachent pas l'affaire ...
Bruxelles, 5 octobre 2010



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