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<div class="gmail_quote">Les puissants de ce monde se réuniront
ostensiblement cette année à<br>
l’occasion du G8 de l’Aquila (Italie), ville sinistrée, du 8 au 10<br>
juillet 2009. À cette occasion se rassembleront des milliers de<br>
militants de toute la planète. Le contre-sommet qui aura lieu est<br>
depuis le départ en butte aux manigances du pouvoir italien, qui s’est<br>
amusé à éparpiller le G8 en une série de sommets à travers toute<br>
l’Italie afin de diviser et de sectoriser à chaque fois les<br>
manifestations, et de les éloigner du lieu central du G8 à l’Aquila.<br>
D’autre part, le déplacement dans cette ville du G8, initialement<br>
prévu en Sardaigne, a occasionné des retards dans l’organisation des<br>
collectifs anti-G8, et risque de poser des problèmes sur le terrain,<br>
la population de l’Aquila étant soigneusement entretenue dans la<br>
terreur des hordes anarcho-autonomes internationales.<br>
<br>
<br>
L’exceptionnalité d’un tel événement réside dans l’ampleur numérique des<br>
forces en présence plutôt que dans la nature de la réunion des chefs<br>
d’État. La réunion des chefs d’État lors d’un G8 attire sur elle tous
les<br>
regards, et c’est d’ailleurs sa vocation, afficher spectaculairement<br>
l’image de la concorde et de l’harmonie qui règne au sein du pouvoir.
Les<br>
G8 ne sont pas les clefs économiques de la domination, mais son
expression<br>
spectaculaire. Ce sont de puissants artifices de propagande, affirmant
le<br>
règne sans fin de la marchandise, ainsi que sa grande bienveillance.<br>
(Ainsi Berlusconi, en grand seigneur, a déplacé le G8 à l’Aquila pour<br>
affecter l’argent économisé par ce transfert à la réparation de la
ville.<br>
Tout refleurit sur le chemin de ces êtres incomparables.) Leur absence<br>
serait tout à fait tolérable pour le capitalisme, mais leur destruction<br>
par des foules en furie devient une cuisante défaite. Depuis que les G8<br>
sont devenus des terrains d’affrontement social, leurs enjeux ont subi
une<br>
mutation. Il ne s’agit plus de faire le plus beau spectacle mais de
savoir<br>
s’il aura lieu. Les policiers sont les acteurs de ce nouveau show : les<br>
puissants parviendront-ils à se réunir tranquillement ? Dès lors que la<br>
police rencontre une résistance, n’est plus en mesure de faire preuve de<br>
son infaillibilité, l’image de la puissance devient plus incertaine.<br>
<br>
Ce genre d’événement n’appelle pas de revendications, car il serait<br>
absurde de réclamer au pouvoir son autodissolution. Nous devons nous<br>
placer dans une logique d’affrontement et gagner des positions par<br>
nous-mêmes. Si le pouvoir craint tant les mouvements sans revendications<br>
affichées, s’efforce tant de propulser à la tête des mouvements des<br>
négociateurs professionnels, c’est qu’il sait très bien que derrière ce<br>
genre de silence se cache sa liquidation définitive. Il n’est par contre<br>
pas inutile de rappeler que nous haïssons l’exploitation sous toutes ses<br>
formes, et les dispositifs qu’elle génère pour se maintenir, qui sont sa<br>
production essentielle. La dernière camelote en date que les États<br>
essaient de fourguer à leur électeurs, l’antiterrorisme, mérite d’être<br>
citée car elle occupera une place d’honneur au cours de ce G8, à la fois<br>
dans les tractations entre les chefs d’État et en tant qu’application<br>
pratique contre les manifestants anti-G8.<br>
<br>
Les contre-sommets sont depuis environ une décennie le lieu d’une
nouvelle<br>
pratique politique quasiment entièrement séparée des formes de<br>
contestation locales, les luttes se hissant à un niveau abstraitement<br>
international. Le mouvement altermondialiste dans ses variantes plus ou<br>
moins radicales a la fâcheuse tendance à limiter son action politique à<br>
des interventions spectaculaires à l’occasion des contre-sommets,
faisant<br>
de ces manifestations des hauts lieux de la fausse conscience. Tant que<br>
les contre-sommets ne seront pas inscrits dans une trame
révolutionnaire,<br>
comme une bataille parmi d’autres, la version médiatique, qui confond la<br>
destruction ponctuelle de l’image avec la destruction de la puissance,<br>
l’emportera sur la version révolutionnaire. Et l’on s’acheminera alors
un<br>
peu plus vers des simulacres de contestation, dont les destructions<br>
prévues et tolérées par la police ne sont pas le moindre des aspects.<br>
(Ainsi, Berlusconi a expliqué goguenard que l’Aquila était le site
parfait<br>
pour un G8, puisque les manifestants n’auraient rien à y détruire — on<br>
voit bien là la terreur que lui inspirent les manifestants.) Nous ne
nous<br>
battons pas contre la mondialisation néolibérale, l’affaiblissement du<br>
pouvoir des États nationaux face aux institutions supranationales et aux<br>
multinationales, ni contre l’hégémonie de quelques États sur tous les<br>
autres, mais contre le pouvoir lui-même, dont ces différents points<br>
contestés ne sont que ses mutations du moment. Nous ne voulons pas jouer<br>
le jeu du spectacle de la fausse contestation mais faire de ce<br>
contre-sommet un moment concret de l’offensive contre le pouvoir séparé.<br>
Nous ne voulons pas nous droguer d’un semblant de contestation radicale,<br>
d’un ersatz d’émeute dans un décor exotique, mais nous lancer à l’assaut<br>
du ciel capitaliste.<br>
<br>
Brisons l’image de leur puissance<br>
<br>
Leur puissance ne disparaîtra certainement pas suite à la profanation de<br>
son image, mais elle en ressortira érodée. C’est pourquoi nous ne devons<br>
pas nous contenter de pratiquer une iconoclastie virulente, mais
également<br>
la destruction concrète du pouvoir là où il se trouve. S’il est<br>
parfaitement normal de vouloir saboter le G8, n’oublions pas que ce qui<br>
prime avant tout est la réunion massive de manifestants occasionnée par<br>
cet événement et la force qu’elle nous confère, ainsi que la quantité<br>
impressionnante de forces de police déployées à notre intention. Nos<br>
possibilités de lutte sont alors considérables, et ne se limitent ni au<br>
sabotage de la réunion des puissants, ni même à la résistance contre la<br>
police.<br>
<br>
Mettre le pouvoir en difficulté sur des points localisés est un efficace<br>
moyen de propagande révolutionnaire. Le péril matériel à petite échelle<br>
(une grève, une émeute), devient un péril politique à grande échelle.<br>
Détruire une marchandise, un barrage policier, mettre en faillite une<br>
entreprise, ne perturbent certes que d’une manière minime le pouvoir<br>
économique, mais ils sont une grave atteinte à son image
d’infaillibilité,<br>
car ils montrent le chemin à suivre pour le détruire totalement, et<br>
caractérisent explicitement l’ennemi à abattre dans ses différentes<br>
dimensions : l’oppression marchande, policière, etc. Le capital tirant
sa<br>
force de notre exploitation, il faut bien montrer qu’il n’y a pas de<br>
séparation entre ce qui nous opprime et ce dont le capital tire sa
force.<br>
Lorsque l’on se bat contre la police ou que l’on s’attaque aux<br>
marchandises et aux banques, ce n’est pas parce que l’on est des
étudiants<br>
très en colère contre la LRU. Ce que l’on détruit se place au premier
rang<br>
de ce que l’on déteste, et sert également de rempart aux autres réalités<br>
que nous souhaitons abattre. À l’occasion d’un événement tel que le G8,
le<br>
cœur de l’oppression est tout autant dans les forces périphériques<br>
assurant la sécurité du cœur officiel que dans ce cœur lui même (le
noyau<br>
de l’oppression restant évidemment la propriété privée ou étatique).
Seuls<br>
les médiatiques et les médiatisés s’imaginent que le cœur du pouvoir est<br>
une image.<br>
<br>
Dans chaque moment de révolte, à chaque fois que nous sommes en mesure
de<br>
créer des zones d’autonomie temporaire, nous cherchons la conquête<br>
effective du pouvoir, c’est-à-dire sa liquidation en tant que pouvoir<br>
séparé, et la reprise en main collective de notre destin et de notre vie<br>
par l’instauration d’une démocratie directe dans tous les domaines de<br>
notre existence. En luttant ensemble, nous créons d’autres rapports<br>
sociaux, d’autres manières de se rencontrer. La destruction de l’ennemi<br>
nécessite déjà que nous édifiions à cette fin une autre économie, une<br>
autre organisation, que nous éprouvions notre puissance en vue de la<br>
recouvrer.<br>
<br>
Pour qu’une telle expérience soit autre chose qu’un défouloir séparé des<br>
rythmes habituels de la contestation, il faut qu’elle ait des<br>
répercussions sur l’organisation des forces révolutionnaires dans les<br>
différents pays, et notamment qu’elle modifie les rythmes ordinaires. Ce<br>
doit être le lieu d’une mise en commun des idées et des expériences, la<br>
première forme d’une démocratie émeutière. Pour résumer, ce doit être la<br>
négation effective des frontières, la reconstitution physique du<br>
prolétariat international.<br>
<br>
C’est pourquoi dès maintenant nous appelons :<br>
<br>
   — À participer massivement à ce contre-sommet.<br>
<br>
   — À ce que se développe, s’étende et se structure la pratique des<br>
précédents contre-sommets dans ce qu’elle a de plus dialectique.<br>
<br>
   — À ce que s’organisent partout en Europe les différents groupes<br>
radicaux désirant en découdre avec le pouvoir, sur la base d’une<br>
confiance mutuelle.<br>
<br>
   — Au développement matériel des stratégies de défense contre la
police<br>
: plus nous lui résisterons, moins elle réfrénera sa violence, plus<br>
notre défense devra se renforcer. Les techniques de défense et celles<br>
plus dialectiques ne doivent plus être séparées mais combinées à des<br>
fins tactiques.<br>
<br>
   — À ce que chacun prenne la mesure des risques encourus et se prépare<br>
à les assumer.<br>
<br>
   — À la permanence de la lutte, à la généralisation de ce type de
combat.<br>
<br>
<br>
Mais au delà de ces nécessités évidentes, une motivation prime sur
toutes<br>
les autres :<br>
<br>
   le plaisir est révolutionnaire.<br>
<br>
<br>
Appel distribué lors de la manifestation du 21 juin 2009 à Paris<br>
<br>
___________________________________________<br>
LISTE DE DISCUSSION <a href="mailto:resistons_ensemble@rezo.net">resistons_ensemble@rezo.net</a><br>
[L'envoi doit avoir un seul destinataire, la liste]<br>
Pour consulter le site: <a href="http://resistons.lautre.net/"
 target="_blank">http://resistons.lautre.net/</a><br>
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