---------- Forwarded message ----------<br><div class="gmail_quote">Date: 2010/10/22<br>Subject: [infozone_l] Mouvementisme et éternel recommencement<br>To: <a href="mailto:infozone_l@samizdat.net">infozone_l@samizdat.net</a><br>

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Mouvementisme et éternel recommencement<br>
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A toutes celles et ceux qui veulent tout niquer<br>
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On pourrait croire que l’expérience est notre alliée la plus fiable, on<br>
pourrait croire aussi que lorsque le sol craque sous nos pieds il est<br>
urgent de se replier pour mieux tout défoncer, qu’une vie menée pour le<br>
triomphe de la liberté n’est pas qu’une suite d’infirmes stérilités. On<br>
pourrait... On veut (se faire) croire que derrière la mascarade politique<br>
et syndicale qui s’agite comme un corps fraichement décapité se cache un<br>
semblant de potentialité révolutionnaire, d’une autre vie, d’un autre<br>
monde. On se ment, à soi-même et aux autres. On se croit autre chose<br>
qu’une sorte de professionnel de l’activisme et de « la radicalisation des<br>
mouvements », pour finir par en faire un mode de vie, un rôle social<br>
confortable. Mais qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le<br>
laisser en vie.<br>
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Depuis quelques semaines, le bout de territoire sous domination de l’Etat<br>
français est secoué de divers désordres. Grèves, blocages, pillages,<br>
émeutes, destructions en tout genre et sabotages agitent le train-train<br>
quotidien. Ici et là, des flics reculent face aux manifestants, collèges,<br>
douanes et bureaux de chefs partent en fumée alors qu’un peu partout des<br>
émeutiers de tous âges mettent au point des manœuvres de libération à la<br>
fois nouvelles et vieilles comme le monde avec rage et joie. Les pratiques<br>
sont radicales, il n’y a pas lieu d’en douter.<br>
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Seulement, nous sommes des femmes et des hommes, de celles et de ceux qui<br>
mettent en pratique leur rage à bras le corps, qui avons un rêve au cœur,<br>
celui de reprendre nos vies en main, et de les vivre, parce qu’ici-bas<br>
nous ne faisons que mourir un peu plus, jours après jours, et qu’au-delà,<br>
il n’y a rien d’autre que des faux paradis. Ces pratiques sont de celles<br>
que nous préconisons pour dévaster ce monde qui nous humilie, ce sont les<br>
perspectives de libération totale de l’individu vis-à-vis des<br>
institutions, de l’économie, de l’exploitation et de la domination en<br>
général qui nous y poussent. C’est parce que nous pouvons entrevoir autre<br>
chose que nous nous battons de telle ou de telle autre façon.<br>
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Cet autre-chose, n’est pas une affaire de quelques misérables années de<br>
retraites, ni de projets de lois, ni même d’un recul partiel de<br>
l’exploitation. C’est le bouleversement intégral des rapports de<br>
domination.<br>
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Nous avons fait le constat, après des siècles de guerre sociale plus ou<br>
moins diffuse, que les pratiques seules ne disaient rien en elles-mêmes<br>
des perspectives qu’elles ont pour but d’atteindre. On peut menacer de<br>
faire sauter l’usine avec des bombonnes de gaz pour quelques euros de<br>
merde, comme on peut s’agenouiller et se livrer à toutes les<br>
compromissions possibles pour atteindre des objectifs révolutionnaires.<br>
Les pratiques ne sont qu’une anti-chambre des perspectives, et ce sont des<br>
perspectives révolutionnaires et antiautoritaires que nous souhaitons voir<br>
émerger.<br>
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Encore un mouvement, encore une période de fatigue cérébrale et physique à<br>
courir après des fantasmes que nous avons déjà enterrés profondément dans<br>
la fosse du désespoir, à mettre entre parenthèse toutes nos luttes et les<br>
sacrifier à des « impératifs » injustifiables. Être partout, sacrifier de<br>
sa personne, Quichotter dans le désert. Faire semblant de ne pas<br>
remarquer, se faire croire qu’il y a une différence de responsabilité<br>
entre les centrales syndicales et leurs bases, qu’il y a encore quelque<br>
chose à faire dans, avec ou par rapport au syndicat. Au fond, la majorité<br>
des radicaux qui ne donnent plus que dans l’activisme a déjà enterré le<br>
mouvement dans sa tête en préparant sa chute, en tablant sur des barrages<br>
au retour à la normalité, encore des fantasmes de désespérés.<br>
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On fait comme si il n’y avait pas déjà eu une dizaine d’autres mouvements,<br>
comme si les critiques qui avaient suivit chacun d’eux n’étaient bonnes<br>
que pour les mouvements précédents. Souviens-toi bien d’oublier.<br>
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Tomber dans le panneau à chaque fois dans un éternel recommencement, ne<br>
surtout pas regarder la réalité en face, appliquer des recettes trouvées<br>
dans de mauvais livres, sans jamais sortir des habitudes : journées<br>
d’actions, assemblées générales (« inter-pro ») dont la seule finalité<br>
semble être leur répétition à l’infini et leur propre reproduction,<br>
mythologie de l’opposition entre la base-un-peu-coconne-mais-sincère et<br>
les directions des syndicats, apologie des pratiques et mise en<br>
arrière-plan des contenus, occupations où l’on s’enferme, symbolismes en<br>
tout genre, recours aux médias etc. alors qu’à coté se déchaine et<br>
s’émeute une jeunesse au bord de la crise de nerf qui se venge et retrouve<br>
le gout. D’un coté, des émeutes, de l’autre, des automatismes militants<br>
embourbés dans le vieux monde avec au final, et malheureusement, peu de<br>
choses qui les relient entre-eux, comme des voisins qui ne réussissent ou<br>
ne veulent pas communiquer. Mais la faute à qui ? Le domaine<br>
d’intervention choisi en dit long sur le contenu, aussi vrai que le manque<br>
ou le refus du contenu est en soi un contenu clair, caché sous un<br>
impérieux voile de tâtonnement et d’incertitude de façade. Dans cette<br>
situation, aller appuyer candidement des piquets de grèves syndicaux avec<br>
des œillères nous empêchant d’apercevoir toutes les manœuvres politiques<br>
sous nos yeux qui font barricade à toute spontanéité pendant que juste à<br>
coté, les flammes prennent de la hauteur, c’est faire le choix confortable<br>
des habitudes, éviter de contribuer au grand saut dans l’inconnu d’un<br>
déchainement collectif et individuel des passions destructrices.<br>
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Disons-le franchement, passer son temps à se tromper devrait finir par<br>
inquiéter, autrement, nous questionnons la sincérité derrière les<br>
velléités affichées de radicalité et de rupture avec la démocratie et ses<br>
quelques avantages et garanties.<br>
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On l’a vu, et revu, ce n’est pas la quantité qui gouverne l’efficacité et<br>
ce n’est pas la stratégie qui gouverne notre rage. L’éléphant se laisse<br>
caresser, pas le pou.<br>
<br>
Des groupes affinitaires de quelques personnes qui se connaissent et ont<br>
su développer une affinité et une connaissance mutuelle aiguisée à travers<br>
des pratiques et des perspectives communes ont souvent été bien plus<br>
efficaces que des masses informes de gibier à flics. Nous parlons là de<br>
porter des coups, de jour comme de nuit, efficaces, reproductibles et<br>
précis, pas symboliques. Nous parlons de dégâts réels, nous parlons de<br>
contribuer à la guerre sociale dans laquelle nous n’admettons aucune<br>
trêve, récupération ou amnistie. On l’a vu aussi, ces groupes ne peuvent<br>
pas non plus tout faire basculer tous seuls, parce que les mécanismes de<br>
la domination ne se brisent pas à coup de marteaux dans des vitres ou de<br>
molotovs dans des flics, mais aussi dans l’expérimentation d’une autre vie<br>
dans la lutte, et la subversion quotidienne des rapports<br>
inter-individuels. L’équilibre doit être respecté, mouvement ou pas.<br>
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Alors cessons de faire de la politique, laissons libre cours à notre<br>
créativité et engendrons des ruines...<br>
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Je casse, tu casses, il casse, nous cassons, Les mauvais jours finiront.<br>
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#   I    N    F    O    Z    O    N    E<br>
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#   s a m i z d a t . n e t<br>
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