<h1 class="entry-title">On ferme tout ! - Récit de la grève générale à Barcelone.</h1><br><p><span class="spip_document_719 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L500xH332/ba2p-5d4e6.jpg" alt="" style="height: 332px; width: 500px;" height="332" width="500"></span></p>
<p>Samedi 25 septembre 2010 à Barcelone, c’est la "Merce", la fête
centrale de la ville, vitrine culturelle de la mairie qui y a englouti
quelques millions. À 17h, la grande scène s’installe pour le soir sur la
plaça de Catalunya, épicentre de Barcelone, situé entre la rue la plus
chère d’Espagne - où se concentrent les grandes enseignes - et la Rambla
- où affluent les touristes.</p>
<p>Au même moment, en guise d’échauffement pour la grève générale du 29,
une manifestation de 2000 personnes déboule et se positionne devant le
bâtiment de l’ex-Banque nationale de crédit d’Espagne qui domine la
place avec sa tour de 12 étages et qui a été vidée et laissée en plan il
y a quelques années, dans l’attente qu’une multinationale se l’octroie.
Des personnes rentrées, "quelques heures ou quelques jours auparavant" [<a href="http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581#nb1" class="spip_note" rel="footnote" title="Pour paraphraser le sinistre pitre Hortefeux sur les risques d’attaque (...)" id="nh1">1</a>]
au nez et à la barbe des vigiles et flics qui quadrillent la place,
descendent en rappel de la façade et y déploient deux immenses
banderoles « Les banques nous asphyxient,les patrons nous exploitent,
les politiciens nous mentent, l’UGT et la CCOO [<a href="http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581#nb2" class="spip_note" rel="footnote" title="UGT et CCOO : les deux principales centrales syndicales espagnoles" id="nh2">2</a>]
nous vendent. A la mierda ! » et « Ceci est une invitation à lutter
ensemble. Grève sociale et sauvage » . Musique et clowneries sur la
place, défonçage de porte et barricadage sommaire à l’intérieur. Un
tapis rouge est déployé, les portes s’ouvrent, la Banco de credito (vite
rebaptisée Banco Descredito) est envahie et occupée par plusieurs
centaines de personnes. Le chef des Mossos d’esquadra (la police
autonome de Catalogne, intronisée en 2005 et réputée pour sa brutalité)
s’arrache les cheveux. L’objectif annoncé est d’en faire un centre de
convergence pour la grève générale du 29 septembre.</p>
<p>Dans l’Etat espagnol, la menace d’une banqueroute à la grecque sert
de prétexte au gouvernement socialiste pour une grande « reforma
laboral » (réforme du travail) et un démantèlement des "protections
sociales". À Barcelone comme ailleurs, les boulots sont déjà de plus en
plus précaires et les fins de mois douloureuses, malgré les solidarités
de voisinage qui aident à la débrouille, aux arrangements illicites et
aux petits piratages. L’Espagne a beau avoir emporté le Mundial, la
colère gronde et les deux centrales syndicales se sont vues contraintes
de lancer la première grève générale du pays depuis 2002, presque à
reculons et avec le slogan « Pas comme ça ! » pour ne pas trop heurter
leur alliés socialistes au pouvoir.</p>
<p>L’occupation de la Banque s’est coordonnée entre des groupes
autonomes et « précaires » et l’ « assemblea de Barcelona ». L’
« assemblea » a été initiée entre autres par des syndicalistes de la
compagnie de bus de Barcelone qui avaient réussi, en 2007, à tenir une
grève et bloquer plusieurs semaines les bus de la ville en faisant appel
à des soutiens extérieurs. L’assemblea se veut un point de convergence
régulier entre des mouvements de travailleurs, et les nombreuses petites
luttes et comités de quartiers, alimentées notamment par les quelques
dizaines d’okupas (centre sociaux autogérés occupés - voir encadré),
disséminés sur la ville.</p>
<p><i>Le mouvement des Okupas :</i></p>
<p><i>Depuis l’occupation retentissante du cinéma Princessa en plein
centre ville de Barcelone en 96, le mouvement squat barcelonais a
explosé et est devenu l’un des plus offensifs et localement ancrés
d’Europe. Il est considéré, dans toute sa diversité, comme une force
politique à part entière, forte de ses journaux, radio, cantines,
bibliothèques, fêtes, imprimeries, potagers, coopératives, ateliers de
construction, de coordinations comme l’"assemblea d’okupes de barna"...
Il bénéficie d’un soutien populaire singulier dans une région qui a
hérité de l’expérience autogestionnaire et anarchiste la plus massive du
XXième siècle, de sa répression féroce et des décennies de dictature
qui ont suivi. Un certain nombre d’okupas, comme l’ ex-caserne de la
"Casa de la Muntanya" ou la ferme "Can Masdeu" ont pu résister
victorieusement à des tentatives d’expulsion et tiennent depuis plus de
dix ans. Fort de son histoire et de ses liens, le mouvement des okupas
n’est cependant pas à l’abri, ces dernières années, de sursauts
répressifs d’un côté, ou de penchants à se scléroser dans un ghetto
contre-culturel alternatif et plus coupé des mouvements sociaux de
l’autre. Lors du dernier mouvement étudiant barcelonais contre le plan
Bolonia en 2009, les Mossos ont matraqué systématiquement une manif et
causé un scandale politique en envoyant des dizaines de personnes à
l’hôpital à la vue de tous. Depuis ce mouvement entre autres, des lieux
occupés, ouverts et populaires ont éclos et ont pu permettre de fédérer
de nouvelles dynamiques d’action. Renouant avec la tradition de réaction
massive au vidage des squats (un des slogans, les plus courus du
mouvement barcelonais, tiré d’une chanson d’un groupe punk local est
"desalojos son disturbios" : les expulsions sont des émeutes),
l’expulsion de "La Rimaia" a rassemblé, dès le lendemain et en plein
été, 2000 personnes qui sont allées occuper des appartements bourgeois
et neufs, laissés vides. </i></p>
<p>C’est depuis l’enceinte de la banque que, le premier jour de la
révolution, le 16 juillet 1936, des groupes fascistes retranchés ont
assassiné plusieurs dizaines de personnes essayant d’assaillir
lebâtiment.</p>
<p><span class="spip_document_714 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L500xH332/ba1p-32e6b.jpg" alt="vvv" title="vvv" style="height: 332px; width: 500px;" height="332" width="500"></span></p>
<p>Près de 80 ans plus tard, l’occupation de la banque, lieu symbolique
et décrépi du pouvoir économique et politique, va fonctionner comme une
incroyable caisse de résonance pour une "grève anticapitaliste et
sauvage". Une énergie grisante sort du bâtiment : joie de tenir le lieu,
au coeur de la bête, de survoler la ville depuis les tours et balcons,
de narguer les autorités qui ne peuvent pas prendre le risque de gâcher
la fête et de tenter le diable avec une intervention policière
immédiate. Le lundi, un répit momentané se confirme. Le juge en charge
de l’affaire refuse de donner droit à une procédure pénale et à une
expulsion immédiate, estimant que le bâtiment étant vide, l’expulsion
doit se décider dans le cadre d’une procédure civile de squat, plus
longue. Alors que des caméras de presse et de police observent le
bâtiment en permanence, l’occupation et la grève sont relayées dans les
quartiers par des milliers d’exemplaires d’un journal, des assemblées,
des sites web, des tags qui couvrent les murs de la ville, par le bouche
à oreille et la rumeur : « alors c’est vrai vous avez pris la
banque ? »... À l’intérieur du bâtiment, les différentes composantes des
dynamiques anticapitalistes arrivent plus que de coutume à composer
ensemble. L’occupation permet ainsi de faire passer l’idée d’une grève
sociale qui ne se restreigne pas à un combat sur les conditions de
travail et à l’exploitation salariale mais englobe des combats sur le
logement et l’aseptisation de la ville, les migrants, le patriarcat...
Ça fourmille tout au long de la journée, des assemblées de plusieurs
centaines de personnes se tiennent jusque tard dans la nuit pour
préparer la résistance en cas d’expulsion, organiser la bouffe et
l’aménagement, proposer des ateliers et projections, et surtout pour
construire les convergences possibles sur la journée du 29.</p>
<p><span class="spip_document_720 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L500xH752/ba7p-6a37f.jpg" alt="" style="height: 752px; width: 500px;" height="752" width="500"></span></p>
<p>En Espagne, les grandes journées de grèves unitaires sont plus rares
qu’ici, mais l’idée de « grève générale » est prise au pied de la
lettre. Il s’agit bel et bien de « tout fermer » dès l’aube grâce à
l’intervention d’une multitude de petits groupes et cortèges. Une carte
de Barcelone de 5x5m collée à l’intérieur de la Banque, couverte de
petits cartons rouges, liste les multiples piquets annoncés dans chaque
quartier.</p>
<p>Lors de l’assemblée du lundi le ton est clairement à l’offensive : un
chauffeur de bus annonce qu’ils tiennent le dépôt et que les gens
peuvent concentrer leurs forces sur d’autres secteurs, des retraités
viennent partager leur rage et leur envie que ça parte, d’autres
reviennent sur les soulèvements qui ont marqué le passé de la ville,
tandis qu’un Raoul Vaneigem local conseille, sous les applaudissements,
d’être ce jour là comme l’eau et le feu, l’eau qui s’infiltre lorsque
que l’étau policier se resserre, et le feu qui détruit sans crier gare.
Un consensus se dessine sur la volonté de se retrouver à la mi-journée
pour prendre la Rambla, et fermer les bâtiments symboles comme le "Corte
Ingles" (les Galeries Lafayettes locales). On a beau savoir que les
petites oreilles policières relaieront et feront tout pour l’empêcher,
la vibration de l’assemblée permet de sentir l’état d’esprit et de
présager de la force collective.</p>
<p>Dès le 28 à minuit, la fête commence, des groupes déambulent dans les
quartiers et ferment les portes des entreprises et magasins avec de la
glue ou de la soudure à froid, font des concerts de casseroladas
(concerts de casseroles), repeignent les murs....</p>
<p><span class="spip_document_713 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L431xH644/barricada_travessera_de_dalt_4-38aac.jpg" alt="vv" title="vv" style="height: 644px; width: 431px;" height="644" width="431"></span></p>
<p>À l’aube, plusieurs grands axes de la ville sont obstrués par des barricades de pneus enflammés.</p>
<p><span class="spip_document_718 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/IMG/jpg/piquets2.jpg" alt="" style="height: 394px; width: 500px;" height="394" width="500"></span></p>
<p>Puis, tout au long de la matinée, des piquets plus statiques, en
partie organisés par les centrales syndicales, bloquent les centres
commerciaux et les grosses entreprises, tandis que divers cortèges
itinérants regroupant de quelques dizaines à plusieurs centaines de
personnes passent dans les rues pour fermer les magasins. Les signes
d’encouragements depuis les fenêtres des immeubles ou les trottoirs
montrent que la pratique est plutôt bien acceptée.</p>
<p><span class="spip_document_723 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/IMG/jpg/piquets5.jpg" alt="" style="height: 365px; width: 500px;" height="365" width="500"></span></p>
<p>Des tracts ont généralement déjà été déposés les jours précédents
dans les diverses enseignes pour annoncer la grève et, dans certains
quartiers, la plupart des magasins ont déjà leurs rideaux tirés. Des
adresses mails ont été mises en place où les nombreux travailleurs
précaires qui ne sentent pas en position de bloquer eux-mêmes leur taf
peuvent demander à ce que les cortèges viennent les y aider.</p>
<p><span class="spip_document_717 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/IMG/jpg/piquets6.jpg" alt="" style="height: 335px; width: 500px;" height="335" width="500"></span></p>
<p>Sur les commerces ouverts, une négociation rapide se met en place et
les
tenanciers tirent souvent rapidement le rideau d’eux-mêmes avant que
d’autres n’aient à le faire avec quelques boules puantes et tags
« esquirols » ("écureuils" pour « jaune ») en prime. Certaines banques,
supermarchés et bâtiments institutionnels connaissent des fermetures
plus expéditives et cassantes : la librairie fasciste de Barcelone sera
pour sa part méthodiquement mise en pièces.</p>
<p>À 13h, les cortèges convergent devant la banque occupée. La Rambla
est évidemment bloquée par les anti-émeutes. Un cortège massif de
plusieurs milliers de personnes quitte alors la place. L’idée est plutôt
d’éviter un clash immédiat, et de maintenir la manif unie plus
longtemps pour pouvoir agir par la suite.</p>
<p><span class="spip_document_722 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L400xH300/piquets9-a540e.jpg" alt="" style="height: 300px; width: 400px;" height="300" width="400"></span></p>
<p>Quoi qu’il en soit, après 300m, une voiture de police prend feu et
c’est l’affrontement. Quelques milliers de personnes semblent se
disperser et s’éparpiller une première fois sous les charges policières.
Pourtant, très vite, la banque sert de point de ralliement au milieu
des touristes et des passants. Tout au long de l’après-midi des petits
groupes reforment des barricades enflammées aux alentours, dans les
ruelles et les grands axes, à l’aide de conteneurs, des poubelles
laissées par les éboueurs en grèves, de bancs, de matériaux de chantiers
ou de bacs à fleurs. La police semble dépassée par le nombre de foyers
de perturbation et les camions anti-émeutes se croisent en panique dans
tous les sens et dans toutes les directions. Profitant d’une levée
momentanée du barrage policier, un cortège se forme rapidement sur la
place et parvient à prendre la Rambla. Plein de sourires, des yeux qui
s’écarquillent, sans bien réaliser que le pari est gagné et qu’on est
bel et bien quelques centaines à descendre la Rambla et à tout fermer à
l’aide de grilles métalliques, de poubelles ou à coups de skateboards.
Les touristes photographient en rangs serrés, quelques appareils volent.
La foule rend la contre-attaque policière difficile. Ça s’égaye
néanmoins dans les petite rues, inaccessibles au camion anti-émeutes,
avant qu’il ne soit trop tard et puis ça continue, rythmiquement.
D’autres véhicules de police et enseignes y passent. Un voisin sort de
chez lui après le passage de la troupe et met le feu à une barricade
pour ralentir l’arrivée des Mossos. Au retour sur la plaça Catalunya, la
police a fini par regrouper ses véhicules autour de la banque et par
obtenir l’autorisation judiciaire de l’envahir et de murer, sous
prétexte que des personnes coordonneraient les émeutes depuis la
bâtisse. Un mélange de curieux et de véners se masse et se croise ;
certains sont surtout là pour voir tomber le symbole, d’autres gueulent,
avancent et font ce qu’ils peuvent pour mettre la pression aux
anti-émeutes, qui matraquent régulièrement pour s’assurer qu’ils gardent
le terrain.</p>
<p>Pourtant l’énergie reste contagieuse et on continue à tenir la rue
jusqu’au soir, ailleurs, là où les forces de l’ordre sont moins
regroupées :
<span class="spip_document_715 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L496xH332/2-grupo_manifestantes_saquea_tienda_barcelona-d82f0.jpg" alt="" style="height: 332px; width: 496px;" height="332" width="496"></span>
alors que ça s’agite dans les quartiers du haut de la ville où un
magasin de jeans se fait piller, et que des volutes de fumées persistent
à apparaître de part et d’autres, des milliers de personnes se
retrouvent au départ des manifs de la CNT (une petite organisation
anarchiste tout de même plus importante qu’en France) puis de la CGT (un
syndicat libertaire "de masse", avec un grand nombre de militants ) et
mettent le feu devant le siège de la Patronale (le MEDEF local, qui fut
aussi le siège de la CNT de 36 à 39) au milieu de danses et de samba,
avant de se regrouper sur une grande place barricadée, et de faire
tomber une pluie de pierres sur les anti-émeutes venus sauver le
bâtiment. Un moment de grâce qui dure où l’on discute, encourage,
attaque et où la communauté des gestes et la diversité des âges et des
accoutrements manifestent combien la « grève sociale et sauvage » a pris
au-delà des espérances. En début de soirée, la
manifestation des centrales syndicales démarre à son tour et cette
fois-ci, ce sont des travailleurs estampillés de l’UGT qui finissent,
comme par contagion, par attaquer le Corte Ingles à coups de barres de
fer, sous les applaudissements de la foule. À la nuit tombée, on croise
deux gamines qui continuent avec discrétion à mettre le feu impunément
aux poubelles de la plaça Catalunya au milieu des piquets de police.</p>
<p>Même si les affrontements ont pris une ampleur particulière à
Barcelone, la dynamique de blocage général et d’action directe s’est
diffusée largement dans tout le reste de l’Etat espagnol. Mais, la
dépendance vis à vis des mots d’ordre des centrales demeure visiblement
trop forte et la grève ne passe pas le pas au-delà du 29. Pourtant,
l’absence de perspective immédiate n’empêche pas que cette semaine
apparaisse comme un potentiel levier majeur dans la construction
progressive d’un mouvement qui contourne les barrières identitaires, les
corporatismes et qui soit à même de faire émerger de nouveaux moments
fédérateurs à Barcelone.</p>
<p>En Catalogne, dans les jours qui suivent, les responsables politiques
et les journalistes comptent les banques et autres enseignes cassées,
« l’impact désastreux pour le tourisme », l’ « effort général » pour
recouvrir les traces de cette journée au plus vite. Ils s’accusent les
uns et les autres d’être responsables de la déroute policière, et
espèrent surtout arriver à (se ?) convaincre tant bien que mal que les
débordements n’ont été le fait que d’une infime minorité, de
« squatters », d’« anti-systèmes », d’ « étrangers » et autres monstres
avant-gardistes dotés de super pouvoirs de manipulation et de
destruction. Le Maire ira jusqu’à tenter une série de plaintes contre
les sites d’information qui auraient relayé l’occupation de la banque et
les appels autonomes à la grève générale. Au final, sur les 42
personnes arrêtées dans la journée, presque toutes sont relâchées dès le
lendemain sans qu’on puisse les inculper sérieusement. D’autres
risquent plus gros.</p>
<p>Barcelone, ville-chantier indomptée, où s’entrecroisent encore jusque
dans l’hypercentre les allées des riches et des touristes et les
dédales de la « peña » (la plèbe), voit encore régulièrement ses rues
déborder, que ce soit pour les victoires du barça, l’expulsion d’un
squat ou les multiples fêtes de quartier. Au-delà d’une nouvelle et
joyeuse irruption émeutière, ce qui s’est joué d’inspirant le 29 et ce
qui inquiète de l’autre coté de la barricade, tient sûrement à la
capacité de trouver des espaces de convergence et des stratégies
communes, tout en maintenant la couverture du terrain et la force de
dispersion issues de ce qui s’enracine au quotidien dans les luttes de
quartiers et leurs histoires singulières. C’est aussi la diffusion de
pratiques d’actions directes qui puissent se partager largement pour
concrétiser les slogans de blocage économique et matérialiser la colère,
au-delà des défilés stériles. Espérons que cela se renforce par là-bas
et que ça puisse donner des idées par ici. Malgré les efforts dépensés
pour effacer au plus vite les traces du soulèvement, sur la Banque
Nationale, un slogan peint en hauteur au long de la façade de la Banque
descredito était encore visible « aixo no es crisi. Sen diu
capitalisme » (en catalan « ceci n’est pas une crise, c’est le
capitalisme ! »)</p>
<p><span class="spip_document_725 spip_documents spip_documents_center">
<img src="http://paris.indymedia.org/local/cache-vignettes/L500xH332/finip-e4f80.jpg" alt="" style="height: 332px; width: 500px;" height="332" width="500"></span></p>
<p>[<a href="http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581#nh1" id="nb1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="footnote">1</a>] Pour
paraphraser le sinistre pitre Hortefeux sur les risques d’attaque
terroriste en France en plein mouvement social. Celui-ci déclarait
dimanche 17 au grand jury : "Il y a quelques heures ou quelques jours à
peine", les Européens ont reçu "un nouveau message des services
saoudiens nous indiquant qu’Al-Qaeda dans la péninsule arabique (ndlr :
Aqpa) était sans doute actif ou envisageait d’être actif"</p>
<p>[<a href="http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581#nh2" id="nb2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="footnote">2</a>] UGT et CCOO : les deux principales centrales syndicales espagnoles</p><p><br></p><p><br></p>
<p><a href="http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581">http://paris.indymedia.org/spip.php?article3581</a><br></p>