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<a class="moz-txt-link-freetext" href="http://www.rue89.com/blog-allemagne/2011/02/01/lespion-britannique-infiltrait-les-altermondialistes-allemands-188660">http://www.rue89.com/blog-allemagne/2011/02/01/lespion-britannique-infiltrait-les-altermondialistes-allemands-188660</a><br>
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<p>Il ressemble un peu à Bono, sur certaines photos, avec ses
cheveux longs, ses lunettes et sa barbichette. D'ailleurs, il
partage avec le célèbre chanteur le même intérêt pour la cause
altermondialiste. Il s'appelle Mark Stone, un type engagé.</p>
<p>Entre 2003 et 2010, ce Britannique intrépide et courageux
sillonne l'Europe entière, au gré des manifestations qui
accompagnent les sommets du G8, du G20 ou de l'Otan. On le
retrouve ainsi à Gleneagles, Heiligendamm, Londres, Baden-Baden ou
encore Strasbourg. En Islande, aussi. Au Danemark, en Italie, en
Espagne.</p>
<p> Il ne compte ni son temps, ni son argent pour apporter soutien
logistique et conseils en tout genre à ses compagnons de lutte. Et
quand il ne leur apprend pas à s'enchaîner efficacement, il
participe à des coups – à moins qu'il ne les initie ? –, comme ce
blocage en 2009 de la centrale de Ratcliffe-on-the-Soar, propriété
du géant de l'électricité allemand E.ON.</p>
<p>Las, le coup échoue. Avant même que les activistes ne s'invitent
dans la centrale, la police intervient. Etonnamment, Stone est le
seul à ne pas être inquiété sur l'heure par la justice. Et pour
cause.</p>
<h2>Lâché par Scotland Yard, et en exil aux Etats-Unis</h2>
<p>Sans cheveux longs, sans lunettes et sans barbichette, Mark Stone
s'appelle Mark Kennedy, officier de police britannique, membre
d'une unité spécialisée de Scotland Yard dans l'infiltration des
mouvements altermondialistes, la National Public Order
Intelligence Unit (NPOIU). Un mouchard, donc. Qui avait
semble-t-il le sens des affaires.</p>
<p> Kennedy n'aurait pas seulement agi pour le compte des
renseignements britanniques, <a
href="http://www.guardian.co.uk/environment/2011/jan/12/mark-kennedy-policeman-corporate-spy"
target="_blank">mais également pour le compte de sociétés
privées</a>. Entre autres pour E.ON – ce que l'entreprise
dément.</p>
<p>Démasqué en octobre 2010 et lâché par ses supérieurs, Kennedy
s'est depuis exilé aux Etats-Unis. L'affaire, <a
href="http://www.guardian.co.uk/environment/2011/jan/12/activism-protest"
target="_blank">publiée par le Guardian</a>, fait grand bruit en
Grande-Bretagne, mais elle connaît aujourd'hui des ramifications
de ce côté-ci du Rhin. <em>(Voir le portrait de l'espion par la
BBC)</em></p>
<p style="text-align: center;"><em><span
class="asset-asset_embed-fullsize asset-align-none"><br>
</span><br>
</em></p>
<h2 style="text-align: left;">Infractions en manifs, et sexe
moyennant renseignements</h2>
<p>Kennedy s'est en effet rendu plusieurs fois entre 2004 et 2009 en
Allemagne. Sur invitation ? <a
href="http://www.spiegel.de/politik/deutschland/%200,1518,741826,00.html"
target="_blank">D'après Spiegel online</a>, le président du
Bundeskriminalamt (BKA) Jörg Ziercke, auditionné à huis clos par
une commission parlementaire mercredi, a reconnu que les Länder du
Mecklembourg et de Bade-Wurtemberg avaient fait appel aux services
du Britannique, lors des sommets du G8 à Heiligendamm en 2007 et
de l'Otan à Baden-Baden en 2009.</p>
<p> Les affaires de police étant de la compétence de chaque Länder,
le BKA n'aurait joué qu'un rôle d'intermédiaire. Le ministère de
l'intérieur du Bade-Wurtemberg a confirmé ce vendredi qu'il avait
bien missionné un policier britannique lors du sommet de
Baden-Baden.</p>
<p>Mais Kennedy ne se serait pas simplement contenté d'observer et
d'enquêter, il lui est reproché d'avoir commis des infractions
lors des manifestations auxquelles il prit part (blocus de rue,
mise à feu de poubelles). Fait plus grave aux yeux de la loi
allemande, il aurait eu des relations sexuelles avec plusieurs
femmes dans le but d'avoir accès à certaines informations
(« taktische Liebesbeziehungen »).</p>
<h2>Le G8, une « Internationale des mouchards »</h2>
<p>La coopération policière entre pays européens concernant les
agents infiltrés est régulière. Un haut fonctionnaire de police
allemand déclarait mi-goguenard que le sommet du G8 à Heiligendamm
avait été une « Internationale des mouchards », de nombreux pays
ayant dépêché du personnel pour observer de près les manifestants.
</p>
<p>Mais le cadre juridique d'une telle coopération semble être très
flou. Ziercke aurait admis dans le cas Kennedy que la police
allemande avait perdu le contrôle de la situation. « Toute cette
affaire est très sensible, voire même ultra-sensible » confie en
privé un responsable haut-placé du BKA.</p>
<h2>« Des zones d'ombre juridiques »</h2>
<p>Les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts exigent désormais des
éclaircissements de la part du gouvernement, qui jusque-là a
opposé une fin de non-recevoir à ces questions, et s'inquiètent de
ces zones de non-droit. </p>
<p>L'encadrement juridique des enquêteurs allemands (Verdeckter
Ermittler) opérant sur le sol national est strict, mais comme le
reconnaît Dieter Wiefelspütz, spécialiste des questions de
sécurité intérieure du SPD, « il existe des zones d'ombre
juridiques en ce qui concerne l'implication des enquêteurs
étrangers ».</p>
<p>D'une manière générale, les autorités allemandes se focalisent
depuis quelques années sur les agissements de la gauche radicale.
Dans <a
href="http://www.faz.net/s/Rub594835B672714A1DB1A121534F010EE1/Doc%7EE7A5064B0ABAE4865B9F3AF78C90CE704%7EATpl%7EEcommon%7EScontent.html"
target="_blank">son rapport de 2009</a>, le Verfassungsschutz
(l'équivalent de la DCRI) recensait une augmentation des actes de
violence de l'extrême-gauche de 59%, attribués surtout au « bloc
noir » autonome (Schwarzer Block). Le ministre de l'Intérieur
Thomas de Maizière annonçait que dans les années à venir, la
gauche radicale allait devenir une priorité de ses services.</p>
<br>
</body>
</html>