[Cga-lyon-public] Point de vue de syndicalistes libertaires sur la manifestation du 12 septembre

CGA Lyon groupe-lyon at c-g-a.org
Ven 22 Sep 15:02:30 UTC 2017


Bonjour, merci de bien vouloir trouver ci-dessous le communiqué des 
syndicalistes libertaires de la commission syndicale de la CGA-Lyon 
faisant suite aux événements de la manifestation du 12 septembre, aussi 
disponible sur notre site photos à l'appui du texte : 
http://cgalyon.ouvaton.org/spip.php?article247

En tant que syndicalistes libertaires, nous nous devons d’être 
impartiaux et d’avoir une éthique politique vis à vis de l’attitude de 
nos syndicats.
C’est pourquoi nous condamnons fermement l’agression de 5 camarades 
féministes lors de la manifestation du 12 personnes par des personnes du 
SO CGT de Paris 
(https://paris-luttes.info/agression-violente-de-5-femmes-a-8683 et le 
communiqué de la CGA Région Parisienne).
Ce genre de pratique est inacceptable dans le mouvement syndical, de 
tels militants n’ont rien à faire dans nos syndicats et nous devons 
travailler sans relâche dans ceux-ci pour former les adhérent-e-s sur 
les thématiques du patriarcat, du racisme, des personnes LGBT pour 
supprimer ce genre d’actes de nos cortèges.
C’est aussi pourquoi nous produisons ce texte sur la manifestation 
lyonnaise du 12 septembre où un syndicat est particulièrement malmené et 
victime de propos mensongers. Il est grand temps de ne pas tomber dans 
le piège tendu par les forces de l’ordre et celui provoqué par les 
anti-syndicalistes pour briser l’unité du mouvement.

Sur la manifestation lyonnaise du 12 septembre

L’enjeu de cette journée pour la CGT et SUD était fort : marquer le coup 
d’envoi d’une lutte contre les ordonnances Macron et plus globalement la 
politique de casse sociale du gouvernement.
Pour cela plusieurs objectifs essentiels devaient être atteints : 
construire la grève dans le maximum de secteur et donner l’impulsion à 
son élargissement lors de la prochaine journée d’action du 21 ; réussir 
la manifestation pour agir sur le moral collectif des travailleuses et 
travailleurs, en servant de déclic à la lutte.
Dans le mouvement syndical, les manifestations ne sont jamais vues comme 
une fin en soit, comme « le » lieu essentiel du rapport de force : il 
s’agit avant tout de « se compter » pour servir de point d’appui au 
développement de la grève qui est le lieu central du rapport de force, 
car c’est là qu’on peut « taper au portefeuille des patrons ».

Le service d’ordre CGT avait un mandat clair pour cette manifestation « 
on n’est pas là pour faire la police mais pour protéger le cortège 
syndical, on essaye d’éviter la division de la manifestation ». Une 
ligne qui a été celle de la CGT tout au long du mouvement de la loi 
travail à Lyon l’année dernière, ce qui n’a pas empêché certaines et 
certains d’insulter régulièrement les militantes et militants en les 
traitant de « collabos », « traitres », « flics », etc...
Le SO a été globalement exemplaire sur ces nombreuses manifestations, 
évitant la plupart du temps des affrontements inter-manifestants que 
personne ne devrait souhaiter. Cela ne signifie pas bien sûr qu’il n’y a 
pas encore du progrès à faire, notamment sur la mixité et les dérapages 
verbaux individuels, problèmes qui sont communs à l’ensemble des 
cortèges et des manifestants.

Provocations policières et blocage de la manifestation

Le 12 septembre à 11 h 30, le cortège a voulu commencer à avancer.
Comme lors du mouvement précédent, devant le cortège syndical, un mini « 
cortège de tête » s’est formé. Rapidement la manifestation a été bloquée.
Le service d’ordre syndical est alors remonté en tête de manifestation 
pour tenter de faire démarrer la manif. Les flics ont alors manœuvré, 
profitant d’un flottement, pour couper en deux la manifestation, en se 
plaçant devant la ligne de SO, afin d’isoler le « cortège de tête ».

Immédiatement, certains ont accusé la CGT de collusion avec la police, 
insultant le SO, tombant tête baissé dans les manœuvres de division de 
la police. Il est évident également que dans le cortège syndical, est 
ressorti le refrain habituel sur « ces anars qui foutent la merde », 
etc. Deux lignes se sont affrontées (l’une pour attendre, l’autre pour 
passer en force si nécessaire).

Les flics ont alors commencé à matraquer le cortège de tête, ce qui a 
amené la première ligne du SO CGT rejoint par le SO de Solidaires à 
pousser la ligne de CRS pour tenter de porter secours aux manifestants, 
et rompre la tentative policière de division. La riposte policière a été 
immédiate : gazage massif et matraquage de la première ligne syndicale, 
à plusieurs reprises (il y a eu plusieurs blessés légers).

Dans le même temps les flics ont repoussé environ 120 personnes du 
cortège de tête dans une rue adjacente. La poussée par le SO syndical a 
permis à la tête de manifestation de rejoindre cette rue, les 120 
personnes nassées restant séparées de la manifestation par plusieurs 
rangs de CRS.


A ce moment là, il y a également eu un flottement au niveau de 
l’attitude à adopter : la nécessaire solidarité avec les personnes 
nassées, mais aussi la nécessité d’éviter que la manifestation ne se 
délite, avec des conséquences majeures sur la suite du mouvement.
Après plus de deux heures d’attente, une partie des manifestants est 
rentrée chez elle, ou retournée au travail (la pratique du débrayage de 
2-3-4 heures dans le privé est courante pour ce genre de manifestation, 
l’état du rapport de force dans les boites ne permettant pas toujours 
des journées entières de grève).


Obtention de la libération des nassé-e-s

L’UD CGT et Solidaires ont décidé de mettre la pression sur la 
préfecture, en annonçant leurs refus de partir si les manifestants 
nassés n’étaient pas libérés.

Certaines professions cependant souhaitaient commencer à défiler, ne 
comprenant pas que la manif ne démarre pas. Pour éviter un délitement de 
la manifestation, l’UD a donc décidé de faire avancer en « piétinant » 
le cortège, afin de s’assurer de la libération des personnes nassées, 
tout en évitant le délitement de la manifestation.

Cela n’a pas empêché certaines personnes, tout en appelant à la « 
solidarité » de s’en prendre au service d’ordre syndical, bloquant le 
camion de l’UD, voyant dans cette avancée une « trahison ». C’est 
pourtant bel et bien l’intervention de l’UD CGT, et cette stratégie qui 
ont permise la libération des manifestants nassés, tout en évitant ce 
que voulait le gouvernement : une dissolution progressive de la 
manifestation.

Il est par ailleurs évident qu’il est plus compliqué de discuter 
sereinement au milieu d’une telle confusion, alors qu’on est encore sous 
la menace d’une nouvelle intervention policière et qu’on vient de 
s’exposer aux coups et aux lacrymos des CRS. Ce climat favorise les 
réactions émotionnelles et impulsives (pas toujours les plus 
intelligentes), d’un côté comme de l’autre. C’est pourquoi il nous 
semble important, d’une part, de rappeler que c’est avant tout la 
répression policière qui crée et joue de ces tensions, et d’autre part 
d’avoir une réflexion stratégique à tête reposée sur les meilleures 
manières d’éviter de lui permettre de jouer de nos divisions.

Anti-syndicalisme et manifestation syndicale

Mais certains et certaines entendent construire leur radicalité 
autoproclamée sur l’antisyndicalisme.
La réalité, c’est que c’est le mouvement syndical qui a réussi à 
mobiliser plus d’une dizaine de milliers de travailleuses et 
travailleurs sur Lyon. C’est le mouvement syndical qui, prenant ses 
responsabilités, a évité les stratégies de provocation policière et de 
division du gouvernement.

Il y a évidemment des divergences au sein de la CGT, ou de SUD sur 
l’attitude à suivre.
Les représentations des manifestants composant le « cortège de tête » 
sont parfois aussi caricaturales que celles qu’ont certain des 
manifestants du « cortège de tête » du mouvement syndical.

Mais qui peut sincèrement croire que c’est en insultant les militantes 
et militants qu’on fera avancer la solidarité et échouer les manœuvres 
de division ? Quel bilan est fait, au sein du cortège de tête, de 
l’impuissance à faire échouer les manœuvres policières, ou de mobiliser 
en masse les travailleuses et travailleurs ?

On a entendu certains dire que « ce n’est pas les syndiqués CGT qui ont 
trahi, mais c’est l’UD ». Mais qui est allé mettre la pression sur les 
flics si ce n’est des membres de la CE de l’UD ? Qui a refusé la 
division policière si ce n’est la première ligne du SO, sous mandat de 
l’UD, qui a essayé de forcer le départ de la manifestation, refusant son 
blocage par les flics et la division qui en découlait ?

Qui a intérêt à entretenir la défiance, la division, et l’animosité 
entre manifestants ? A part le pouvoir et ceux qui, plutôt que de 
construire de manière réellement autonome leurs propre force, entendent 
le faire au détriment du mouvement syndical.
La division ne profite qu’au pouvoir en place, et si les attitudes qui 
la portent sont à combattre au sein du mouvement syndical, elle le sont 
certainement aussi au sein de celles et ceux qui s’autoproclament « 
radicaux ».

Syndicalistes libertaires de la commission syndicale de la CGA-Lyon

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